La légende de Mélusine
Basée sur des sources orales et écrites, la légende de la fée Mélusine est racontée dans deux versions rédigées à quelques années d’intervalle. Jean d’Arras romance la légende pour le duc Jean de Berry vers 1393 (en prose) tandis que Coudrette le fait peu après 1401 (en vers) pour la famille l’Archevêque, qui détient notamment les châteaux de Parthenay et Vouvant à cette époque.
Le roman de Mélusine est l’un des premiers à être imprimé. Il connaît une large diffusion en Europe et est traduit en allemand, castillan, néerlandais, etc.
La rencontre entre Mélusine et Raymondin, XVe siècle (miniature d’une version attribuée à Coudrette) © Crédit : gallica.bnf.fr – BnF
Ce que dit la légende
La fée Présine épouse Élinas, roi d’Albanie, et lui fait promettre de ne jamais la voir lors de ses couches. Mais le roi brise l’interdit, Présine disparaît alors avec ses enfants, Mélusine, Mélior et Palestine. Plus tard, en apprenant ce que leur père a fait, les trois enfants enferment ce dernier dans une montagne. Furieuse, Présine maudit ses trois filles. Ainsi, Mélusine reçoit une malédiction faisant d’elle une femme-serpent tous les samedis. Si elle épouse un homme qui respecte de ne pas chercher à la voir lors de ses transformations, alors elle pourrait lui apporter une noble descendance et vivre normalement.
Un jour, le chevalier Raymondin tue accidentellement son oncle, le comte de Poitiers, lors d’une partie de chasse. Désespéré, il arrive près d’une fontaine où se tiennent trois jeunes femmes. L’une d’elles, Mélusine, s’approche de Raymondin, le réconforte et lui promet qu’elle pourrait l’innocenter, lui apporter richesses, gloire et descendance prestigieuse s’il consent à l’épouser. Subjugué par sa beauté, le chevalier accepte sans hésiter. Mélusine donne cependant une condition à son futur époux : il ne doit pas chercher à savoir ce qu’elle fait, ni où elle est, les samedis. Le chevalier s’y engage par serment.
Geoffroy incendiant Maillezais (à gauche) et Raymondin accusant Mélusine qui s’évanouit de désespoir (à droite), XVe siècle (miniature d’une version attribuée à Coudrette) © Crédit : gallica.bnf.fr – BnF
Après leur union, la fée bâtisseuse construit de nombreux édifices pour Raymondin, dont les châteaux de Vouvant et Lusignan. Elle donne également naissance à dix enfants. Les huit premiers présentent chacun une particularité sur le visage, signe de leur origine merveilleuse. Par exemple, Geoffroy a une dent de sanglier qui lui sort de la bouche tandis qu’Antoine a une patte de lion sur la joue.
Mais tout cela, richesses et famille, font naître des jalousies autour du couple. Et un jour, le comte de Forez se moque de la confiance que son frère Raymondin apporte à Mélusine, et lui dit que celle-ci lui cache quelque chose. Hors de lui, Raymondin part espionner la fée qui s’était alors enfermée dans sa tour comme chaque samedi. Le chevalier rompt ainsi son serment et aperçoit les jambes de Mélusine, transformées en queue de serpent burelée d’argent et d’azur (en référence aux armoiries des Lusignan). La suite de la légende n’est pas la même selon la version du roman :
- Soit Raymondin avoue sa trahison, incitée par son frère, à son épouse ;
- Soit Raymondin garde sa trahison secrète avant de dévoiler publiquement que Mélusine est une « très fausse serpente » après que Geoffroy la Grand’Dent ait brûlé l’abbaye de Maillezais.
Mélusine, en dragon, survolant le château de Lusignan © Crédit : Les Très Riches Heures du duc de Berry, XVe siècle
La conclusion est toutefois la même puisque la fée, trahie, voit sa malédiction s’accomplir pour le reste de sa vie. Transformée à tout jamais, elle s’envole par la fenêtre de sa tour en lançant des hurlements de désespoir. Depuis cet instant, la légende raconte qu’elle survole ses constructions et pousse des cris à chaque fois que ses châteaux changent de propriétaire ou pour annoncer la mort prochaine de l’un de ses descendants…
Son empreinte à Vouvant
De nos jours, plusieurs références à la légende de la fée Mélusine sont visibles au fil des ruelles du bourg. En plus de l’ancien donjon du château, nommé tour Mélusine, et de la rue baptisée Geoffroy la Grand’Dent, plusieurs noms de commerces font référence à cet ancêtre légendaire de la lignée des Lusignan.
En savoir plus
Pour en savoir davantage, une muséographie est installée à l’étage de l’Office de Tourisme (place du Bail, ancienne cour du château). Découvrez aussi ce récit légendaire d’une autre manière avec le mapping vidéo projeté sur la façade nord de l’église Notre-Dame.
Auteur du texte : Ludovic GÉRON
Plus d’informations et contact : www.histoire-vouvant.com